La Fleur au fusil

La Fleur au fusil

la fleur au fusil

MISE EN SCÈNE Clovis Fouin
COLLABORATION ARTISTIQUE Léo Cohen-Paperman
TEXTE écriture collective sous la direction de Clovis Fouin
COSTUMES Zoé Lenglare
RÉGIE GÉNÉRALE Thomas Chrétien
ADMINISTRATION ET PRODUCTION Lola Lucas assistée de Léonie Lenain

DISTRIBUTION
Valentin Boraud, Julien Campani, Baptiste Chabauty, Emilien Diard-Detœuf, Guarani Feitosa, Thomas Fitterer, Lazare Herson-Macarel, Claire Sermonne, Sacha Todorov

Le désir de créer un spectacle avec la troupe du NTP sur la guerre de 14 est venu à moi de façon évidente.

Le 4 août 2014, alors que nous répétions Hamlet sur notre plateau, le tocsin, cette cloche d’hommage aux morts, a retenti pour marquer le déclenchement de la « Grande Guerre » un siècle auparavant. Nous, acteurs en pleine répétition, nous nous sommes arrêtés, avons écouté le son inhabituel de cette cloche. Nous avons regardé nos pieds, recueillis. Puis nous avons repris la répétition. Il y avait dans cette forme d’hommage beaucoup de pudeur, comme si nous évoquions une page douloureuse de notre histoire commune. Cela m’avait particulièrement marqué car nous sommes bien trop jeunes pour avoir seulement eu un arrière-grand-père combattant. Il y a donc une mémoire collective de l’événement, et pas seulement historique, une sorte de mémoire émotionnelle.

Il y avait aussi dans mon souvenir, collé sur le mur de la maison une photocopie de l’ordre de mobilisation générale pour tous les hommes en âge de se battre. Et ce jour-là je me suis dit que cela pouvait être nous, que nous avions le même âge que ces soldats envoyés au front. Le m que ces femmes restées à l’arrière dans l’angoisse et l’attente. Cette analogie m’a fait quelque chose, et ce quelque chose, je voudrais le traverser, ici au NTP, en 2017, avec des acteurs de 25-30 ans.

Trajectoires intimes

Le spectacle traversera la chronologie et les fronts. De l’avant à l’après-guerre, un spectacle impressionniste qui ne cherche pas à raconter l’histoire de façon didactique, mais à raconter des histoires. Nous questionnerons notre rapport au récit, à la mémoire, et à la construction de ces deux entités qui finalement décide de l’Histoire.

Nous raconterons ces quatre années par des trajectoires intimes, des situations, des allers retours entre le front et l’arrière.
Même si Voyage au bout de la nuit de Céline, ou A l’Ouest rien de nouveau D’Erich Maria Remarque, et surtout les albums de Tardi, dont l’œuvre est centrée autour des tranchées, seront des inspirations fortes pour l’écriture, il est difficile de parler d’un texte qui n’existe pas. Mais il est aussi excitant de se dire que ce texte va être écrit collectivement.

Nous partirons de nous, jeunes hommes et jeunes femmes, balancés dans la tourmente d’un conflit mondiale. Nous improviserons à partir de ce que nous sommes. Que se passerait-il si demain nous devions quitter notre vie, nos théâtres, nos répétitions, pour aller sous les drapeaux, sur des fronts où la mort guette ? Que naîtrait-il de ça ? Serions-nous toujours des artistes ? Serions-nous toujours des hommes ? Et si oui, lesquels ? Nous incarnerons des grandes figures, Jaurès, Mangin, Nivelle, Le Kaiser, les soldats au front, les femmes restées à l’arrière, les politiques, les putains, les bidasses, les courageux, les planqués, les mutilés, les sanguinaires, les paumés. Nous raconterons notre guerre de 14, cela ne sera pas un hommage, mais un récit ; un de ceux qui peuplent notre mémoire.

Clovis Fouin

© Nicolas Gasselin